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5 juillet 2013 5 05 /07 /juillet /2013 10:43

En ce moment, je passe pas mal de temps seul dans la "case Robinson" où nous logeons, à garder les chiens. C'est cool. Des petites balades de temps en temps sur la plage avec eux, je mange les restes (et c'est pas de ma faute s'il ne reste que du super top mega bon poisson fumé de Greg) et je me repose en attendant le retour de Didier. Un repos bien mérité (selon la police, et dû selon les syndicats ...).

 

Et bien tout en bullant en regardant béatement la mer, j'ai vu la première baleine de la saison (dixit la proprio de la case Robinson). Elle est restée 3/4 d'heure (selon les organisateurs ...) à batifoler (souffler, splasher ...). D'habitude, les baleines n'arrivent que fin juillet ou début aôut. La proprio a dit que ça ne l'étonnait pas puisque le vent fort de ces derniers jours avait bien refroidi l'eau. Elle y connaît rien ! En fait elle est venue en avance parcequ'on part tôt ... Elle devait tenir à nous faire un dernier coucou au nom de toutes les belles choses qu'on a croisées ici ...

Merci et peut-être à une prochaine !

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5 juillet 2013 5 05 /07 /juillet /2013 10:29

Dans la série "on se débarrasse de nos affaires avant de partir" ...

Une boueni (que notre femme de ménage connaît) est venue chez nous pour voir ce qu'on avait à vendre. Elle a réservé pas mal de choses, pas mal de meubles, puis nous a demandé, avec notre femme de ménage, si elle pouvait nous prendre quelques citrons (on a (avait ...) un citronnier qui a énormément donné, encore, cette année) ...

Elles sont revenues 1/2 heure après nous dire au revoir, leurs 2 paniers pleins de citrons, plus les 2 sacs plastique (qu'elles étaient venues nous demander) remplis. On s'est dit que ça faisait beaucoup pour une "consommation personnelle" ...

 

Autrement dit, elle va vendre NOS citrons pour financer l'achat de NOS meubles ...

Trop fort !

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26 février 2013 2 26 /02 /février /2013 14:20

Deux infos qui n'ont rien à voir :

 

*) Vous vous souvenez des problèmes que j'avais rencontrés pour ouvrir un compte pour l'association du collège (sinon voir article numéro "je ne sais plus combien", du "je ne sais plus combien", intitulé "je ne sais plus combien")(intervention de Didier qui vient de m'expliquer comment mettre un lien : cliquer sur ça : un petit poste juste pour rire). Et bien trop content d'avoir enfin mon rendez-vous, je n'ai pas fait attention qu'il tombait en plein pendant les vacances ... Vacances que nous avions prévu de passer, pour une fois, en dehors de Mayotte ... Nous avons décidé, les collègues qui nous occupons de l'association, de laisser tomber. Nous touchions au but, certe, mais s'il fallait, dans l'avenir, recommencer tout ce bazarre pour la moindre démarche auprès de la banque postale ...

 

*) En baladant les chiens, sur le parcours habituel (vers le haut de la rampe, sur le GR du Choungui, pour ceux qui connaissent), je suis tombé sur une vache zébu qui venait de mettre bas. Je n'ai pas vu la parturition mais le petit veau était encore couché, le cordon à peine coupé (par qui ? Je n'ai pas vu de véto dans le coin !), le placenta à côté (enfin je crois que c'était ça), le tout dans une flaque d'eaux (pourquoi dit-on qu'une femme perd "les" eaux ???). Les chiens se sont précipités pour manger ce qu'il y avait à manger sans que cela ne semblât gêner la nouvelle maman ni le nouveau-né le moins du monde. Et au retour de la balade, le petit était sur ses pattes, écartées comme les jambes d'un patineur débutant, tout flageolant, tout collé à sa mère. Adorable.

 

Bisous !

Pierre

PS : les deux infos datent un peu ... De quelques mois ... Désolé du caractère tardif de la mise à jour ...

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15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 20:00

Quand j'ai senti un frôlement vers 2 heures du matin, je ne me suis pas inquiété.

D'ailleurs, ceux qui me connaissent savent que je n'ai rien senti du tout car il faudrait Céline Dion chantant en live à côté de mon lit pour que je daigne ouvrir un oeil. Et encore...à condition qu'elle fasse bouger mon lit tel le Titanic sombrant dans les eaux glaciales. Et encore...rajoutez Léonardo Di Caprio plongeant dans mon lit pour me sauver d'une affreuse noyade et là, vous aurez peut-être une chance pour que j'émerge...(et encore...)

 

Bref,

 

Quand j'ai senti comme un bisou, ça ne m'a pas vraiment dérangé. Ni fait d'effet. Car, à deux heures du matin, et bien que ce soit la Saint-Valentin, je dors.

 

Mais quand j'ai senti la morsure, alors là, j'ai fait un bond ! Un truc de ouf que tu vois que dans les films ! Je ne pensais pas pouvoir passer de la position horizontale à la position verticale en moins d'une seconde ! 

Et bien si ! (et sans m'empêtrer dans la moustiquaire)

 

Le temps d'entendre Mon Cher-et-Tendre hurler "Moi aussi elle m'a mordu la sal....pe !" et nous voilà, tous les deux, debout, en position de combat, à moitié nus et avec une haleine de chacal. (note pour plus tard : je pense qu'on aurait pu gagner facilement le combat en soufflant sur le monstre...)

 

Rapide comme l'éclair, j'allume ! (car bien que dotés de nombreux supers pouvoirs, mon ami et moi n'y voyons que dalle la nuit)

Vif comme un félin, je mets mes lunettes (car bien qu'étant issu d'un programme de sélection génétique destiné à créer des surhommes, il y a eu quelques râtés...notamment au niveau des yeux, des cheveux et de la taille...(par contre le reste est surprenant))

 

Et là, courageusement, vigoureusement et précautionneusement, je soulève les draps du bout des doigts pendant que mon Fidèle-Compagnon (non, ...pas Thalès...Pierre) m'imite de son côté mettant en pratique la symétrie axiale qu'il projette d'infliger le lendemain à ses gentils sixièmes.

 

Et c'est là qu'on voit un bout du monstre qui se faufile encore plus profond dans le lit. Lâche...

 

Et là, erreur fatale.... Il faudra absolument qu'on revoit notre protocole X-22-3-b-707 (il faut savoir que l'Homme-de-ma-vie a des protocoles pour toutes choses pour toutes les occasions ! Véridique ! Il sait quoi faire si une énorme vague menace de nous engloutir (apparemment il nous faudrait grimper en haut du cocotier dans le jardin et s'y aggriper fermement...je n'ose toujours pas lui dire que, même au bout de 3 ans et demi, je suis incapable de grimper sur le cocotier...). Enfin bref, sa capacité à prévoir une réponse à tous les malheurs susceptibles de nous arriver me rassure (ou m'effraie...je ne sais pas vraiment...))

 

Donc : grossière erreur de notre part ! On lâche le drap et on court tous les deux chercher une arme de destruction massive. Une grosse chaussure pour Pierre-le-Barbare et une petite tongue pour Didier-qui-a-pris-le-1er-truc-qu'il-a-trouvé. Mais même pas peur... (vous seriez étonné de voir ce que je peux faire avec une tongue.....)

 

Et, à deux heures du matin, nous voilà en train de virer les draps, les taies d'oreiller, de soulever le matelas, de tout inspecter... Rien...

Alors on a viré tout ce qui avait été vérifié dans une autre pièce et....on a continué.

On a soulevé les valises, ouvert les valises, déplacé les valises.

On a vérifié la moustiquaire, soulevé la moustiquaire, rabattu la moustiquaire.

On a déplacé les dossiers de papiers importants et les papiers importants en attente de rangement dans des dossiers importants, et les papiers pas importants qui sont rangés classés mis avec les importants ...

On a bougé quelques cartons, poussé certains meubles (notant au passage la couche de poussière se trouvant dessous....note : penser à fouetter la femme de ménage la prochaine fois...)

On a tapoté nos chemises et ouvert quelques livres.

On a fait semblant de partir parce qu'on est vachement rusé mais la Bête l'est encore plus que nous.

On a refusé de déplier toutes nos paires de chaussettes parce que bon, quand même...

 

Toujours rien...

 

Le monstre devait bien rigoler dans sa cachette secrète...

J'avoue avoir failli pleurer, assis, nu dans ma chambre en vrac, les fesses frigorifiées (avec la clim il devait bien faire au moins 26° !! Brrrr...!) Ignorant courageusement la douleur de la morsure qui me faisait quand même vachement mal !

Pendant ce temps, l'Homme-de-ma-Vie éternuait sans discontinuer. Allergies ? Tentatives d'intimidation du monstre ? Je ne sais...

 

Quand soudain, mon regard se posa sur l'armature du sommier. Damned !!!!

Les tubes en métal étaient percés ! Ces affreux trous ayant la taille idoine pour que le monstre puisse y passer et se cacher...

 

Première idée géniale : taper sur les montants pour faire fuir la Chose. 

Rien.... Soit ! La Bête est donc sourde. (ou mélomane)

 

Deuxième idée géniale : vaporiser de la bombe anti-moustique dans les trous afin d'asphyxier l'Ennemi.

Rien....Ok ! La Bête savait que c'était une bombe anti-moustique et non pas une bombe anti-Bête-Monstrueuse. 

A moins qu'elle ne soit morte foudroyée sur le coup mais nous n'avons pas entendu de râles d'agonie ...

 

Le doute subsistait donc.

Crevée ou pas crevée ? (en tous cas nous on l'était) (en sachant que si ça se trouve, l'Horreur nous observait de sa cachette secrète située loin du sommier)

 

Alors, nous prîmes une grande résolution et décidâmes de boucher tous les trous avec du scotch.

Déjà que je n'aime pas bricoler mais alors, faire des petits travaux manuels à 3 heures du matin, voilà qui n'était pas pour me rendre gai et souriant (ce que, de toutes façons, je ne suis guère dans la vie de tous les jours et encore moins à trois heures du matin...)

Et, patiemment, nous scotchâmes...

 

Mon Tendre-et-Plus-Très-Frais-Compagnon émit subitement l'idée qu'une telle monstruosité devait certainement être capable de déchirer le scotch avec ses puissantes mandibules et que ce qu'on faisait ne devait sans doute pas servir à grand-chose... 

Je décidai de l'ignorer en faisant celui qui n'a pas entendu (attitude très seine qui évite beaucoup d'engueulades de discussions passionnées et constructives au sein d'un couple)

 

Alors, résignés, fatigués, suspicieux et point victorieux, nous refîmes le lit et nous nous re-couchâmes. Prêts à subir les éventuelles nouvelles morsures de cette saloperie...

 

 

      40mayotte-decembre--janvier-2013 1291

Même morte elle fait peur, vous ne trouvez pas ???

Ça, c'est une ancienne photo... Celle de la nuit dernière ne nous a pas re-mordu mais est toujours vivante. Ou emprisonnée dans les montants de notre lit. Rongeant petit à petit le scotch. Pour venir nous mordre cette nuit...

 

Il est 22h00....

Je ne veux pas aller me coucher !

 

signé : celui qui va aller dormir avec la chienne sur la serpillère

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20 septembre 2012 4 20 /09 /septembre /2012 08:30

Bienvenue à la poste !

Je suis le président de l'association du collège. Aucune responsabilité, surtout quand c'est Anne-Marie qui est trésorière puisqu'elle s'occupe de tout ... N'empêche qu'elle a fini par me demander de gérer la gestion de l'ouverture du compte de l'asso, à la poste. Elle avait tout préparé, réuni tous les papiers nécessaires, alors ... "pourquoi donc qu'elle voulait pas aller jusqu'au bout de la démarche" aurais-je dû me demander ? 

 

Je me pointe à la poste, il y a ... 3 mois et demande à ouvrir un compte. Il faut, me répond-on, inscrire son nom sur une feuille mise à disposition à l'extérieur, maintenue sur le rebord de la fenêtre par un caillou, le matin en arrivant, et attendre son tour. Je reviens quelques jours plus tard. Un quart d'heure avant l'ouverture de la poste. Il y a déjà 14 noms inscrits. Un homme très sympa qui fait partie des gens qui font (déjà) la queue pour les guichets me dit que le monsieur ne prend que 10 personnes maxi. Je reviendrai.

 

Je décide de retenter ma chance pendant les grandes vacances. Avec le fol espoir qu'il y aura moins de monde pour ouvrir un compte, et j'opte même pour la fin du mois. Mettons toutes les chances de mon côté ...

J'arrive trois quarts d'heure en avance. Il y a 12 noms. J'ai pensé, j'avoue, vérifier s'il s'agissait des mêmes noms que le mois précédent. C'est débile, mais l'idée m'a traversé l'esprit.

 

J'ai commencé à m'énerver un petit peu : ce serait tellement simple de proposer des rendez-vous ! J'ai essayé de faire le forcing en téléphonant et en en demandant un. La dame au téléphone m'a répondu que ça ne se passait pas comme ça. Qu'il fallait venir le matin et inscrire son nom sur "la" feuille. En raccrochant, j'ai répondu moi-même à ma propostition : je me suis mis à imaginer des gens arriver avec trois heures de retard et faire un scandale parce que la personne ne voulait pas les prendre, qu'elle était occupée avec avec des clients qui avaient rendez-vous une heure après eux ... Pas facile de gérer des rendez-vous ici. C'est vrai. Mais quand même ... Y doit bien y avoir une gestion moins ... chaotique que celle-là !

 

Bref. J'abandonne momentanément mes démarches en raison de la présence d'envahisseurs (tant pis si t'aimes pas le terme, Réginald) et de l'imminence de la rentrée.

 

J'y suis retourné il y a deux semaines, un mercredi soir, vers 21h pour percer le mystère de la feuille remplie. Echec. Il n'y avait pas de feuille. Les gens viennent donc bien s'inscrire le matin, très très très très tôt. Qui amène la feuille ? En pleine nuit ? Mystère. Je me pointe donc le lendemain avec 2 heures d'avance (Didier m'a emmené en partant au boulot). Victoire !  Il n'y a que 4 noms inscrits sur la feuille. J'y appose le mien, décide de rentrer chez moi et de revenir vers 8h30.

 

Prudent, je reviens à 8h05. Une jeune fille est à la porte pour aider les gens à remplir leurs papiers pour accélérer les passages aux guichets (il y a déjà la queue jusque dans la rue). Moi, je frime : je lui dis que j'ai mis mon nom sur la feuille, que je suis 5ème. Elle me répond : "Ah ... Ca ne va pas être possible aujourd'hui, Monsieur." Sur mon air ahuri, elle me propose d'aller me renseigner auprès d'une dame qui fait la même chose qu'elle mais pour les gens qui attendent pour ouvrir un compte. Cette seconde dame me confirme que, effectivement, la personne qui s'occupe d'ouvrir les comptes est occupée avec des gens qui étaient inscrits hier. Pour moi, il faut revenir lundi. Je lui réponds que je travaille, le lundi, que je ne pourrai pas revenir lundi ... "Ah? Alors il faudra remettre votre nom sur la feuille et revenir plus tard". Je rouspette un peu, gentiment. Elle me propose de vérifier les papiers que j'ai. Je lui montre. Constatant que c'est pour une association, elle me dit qu'elle va en parler au responsable pour voir ce qu'il peut faire. Elle rentre dans le bureau. J'attends. Une demi-heure après, il sort, me tend un papier et me dit : "pour les associations, il faut que vous réunissiez tous ces papiers-là. C'est plus compliqué." Je lui montre le même papier, lui dit qu'il me l'avait déjà donné la dernière fois (petit mensonge : c'est à Anne-Marie qu'il l'avait donné, mais je ne voulais pas embrouiller la situation ...), et que, là, je pense avoir tous les papiers nécessaires. Je lui précise que je me suis inscrit sur cette (putain de) feuille, que je suis venu beaucoup de fois et qu'aujourd'hui, je suis venu exprès m'inscire à 4h du matin (nouveau petit mensonge mais avec le décalage horaire ... Ça passe). il me répond : "Ah ... Mais de toutes façons, pour les associations, c'est plus long, alors je ne peux pas vous prendre le matin. Il faut prendre rendez-vous et venir l'après-midi". Je suis resté ... Une longue éternité estomaqué. Et comme lui ne disait toujours rien non plus, j'ai eu la présence d'esprit de lui demander si je pouvais prendre rendez-vous tout de suite ... Réponse : "Il faut d'abord que je demande à mon chef. Je vais prendre votre téléphone et c'est moi qui vous rappelerai."

 

Aujourd'hui, je décide de le rappeler, me disant que 2 semaines pour parler à son chef de la possibilité de prendre un rendez-vous, ça devait l'avoir fait. Je me présente, au téléphone, lui rappelle la situation, il me répond qu'il a essayé de m'appeler plusieurs fois mais qu'il avait dû se tromper en prenant mon numéro. Il l'avait pourtant écrit devant moi sur son agenda, c'était le bon. Mais bon ... Il me demande quel jour je pourrai être disponible à 14h, je lui réponds : "n'importe quel mardi, mercredi ou jeudi". Et lui : "d'accord. Lundi 8 octobre, ça vous ira ?". Véridique.

 

J'ai mon rendez-vous pour le mercredi 10 octobre. A 14h. Si vous connaissez un saint-patron des rendez-vous, priez pour moi !

Pierre

ps: bisous à Odile

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1 août 2012 3 01 /08 /août /2012 13:54

Comme promis lors d'un article précédent, vous allez raconter dans le moindre détail votre ascension du Kilimandjaro.

 

 

Mais....

 

Pour celles et ceux qui veulent une version allégée de cette aventure (et qui n'ont pas envie de se taper tous les délires de votre serviteur...honte sur eux...), ça donne à peu près ça :

 

Marche....beaucoup de marche.....bonne fatigue.....

Mal des montagnes quasi inexistant pour moi

Dernière ascension complétement irréelle où tu ne sais plus qui tu es et où tu vas (mais tu te souviens par contre de casser la gueule à la pétasse qui t'a entraîné dans cette galère)

Moment émouvant quand tu arrives en haut. L'impression de s'être dépassé. Comme jamais.

Grande joie et sentiment d'être The King of The World 

Envie d'embrasser la pétasse qui vous a permis de vivre cette inoubliable expérience

Redescente vers les nuages en étant sur un p'tit nuage.

Bon safari tranquillou pour finir

 

 

Et pour ceux qui n'ont que ça à foutre  qui sont polis et vont lire toute votre prose... C'est parti !

 

Bien évidemment, ceux qui vous connaissent savent maintenant que les faits seront exagérés, déformés, embellis (lorsqu'ils s'appliquent à vous) et sournoisement ré-arrangés (lorsqu'ils concernent les autres) (petite dédicace spéciale pour Fred et Pat, les derniers envahisseurs, surlesquels vous vous êtes quand même pas mal défoulés lors de l'article les concernant. Vous avez exagéré beaucoup de faits...Ce qui vous a bien fait rire en écrivant mais n'a peut-être pas donné une image réelle de leur séjour ici. Vous tenez donc à vous excuser officiellement devant les milliers   centaines   dizaines   quelques lecteurs qui vous lisent ! Et aussi rétablir la vérité : Patricia ne passe pas son temps à boire des bières... (elle boit aussi des rhum arrangés))

 

Voilà, maintenant que vous avez la conscience en paix, vous allez pouvoir narrer cette aventure à la con formidable expérience vécue grâce à votre ex-amie Florence.

 

 

Vous partîtes donc frais et guilleret un beau matin de Mayotte.

Accompagné par votre cher et tendre.

Qui a tenu à vous déposer lui-même à la barge (peut-être pour être sûr que vous alliez bien partir...)

 

Pas de stress au niveau des horaires car :

- vous êtes un angoissé des voyages et vous arrivez en général avec 8 heures d'avance dans les aéroports (ça marche aussi avec les gares) (mais bizarrement pas pour les rendez-vous chez des copains...ce qui a tendance à agacer votre moitié lorsqu'il constate que vous vous mettez à nettoyer la poubelle à 2 minutes du départ)

- Kenya Airways a décidé de décaler son vol d'une heure et demie (sans vous avertir) (certainement pour que vous ayez le temps de prendre un 5ème café avant le décollage)

 

 

Décollage.

Vous êtes en classe affaires. Vous ne savez pas trop pourquoi. Mais du coup ça vous rend tout joyeux et atténue un peu l'immense et incommensurable peine dûe à l'abandon de votre conjoint sur l'île. Il vous a néanmoins promis de venir vous chercher immédiatement, où que vous soyez, si vous êtes en danger extrême. (vous auriez dû lui demander ce qu'il sous-entend par "extrême"... et si le fait d'être courtisé par une Tanzanienne qui a absolument voulu être prise en photo avec vous allongés sur un transat au bord de la piscine de l'hôtel (véridique!), rentre dans cette catégorie de danger...)

 

 

Un peu avant d'arriver à Naïrobi vous apercevez ça par le hublot :

 

P1030862

 

      Et là, subitement, ça fait un peu gloups à l'intérieur de vous.

Vous le contemplez un peu comme un adversaire mais avec un respect total.

Vous vous apercevez que ça a l'air très très haut puisque ça a l'air très très proche de votre avion.

Vous comprenez que le Kili, ça se mérite. 

Vous regrettez de ne pas avoir finalement fait votre testament avant de partir (vous en aviez parlé à l'Homme-qui-partage-votre-vie mais ça l'avait bien fait rire...et du coup vous ne l'avez pas fait. Tant pis pour lui, si vous mourez, il n'aura rien !)

Vous réalisez que vous allez en chier.

Vous songez à aller voir le pilote pour lui demander de faire demi-tour en lui expliquant que non finalement vous n'en avez plus trop envie et qu'il vaut mieux abandonner le truc (mais quand la gentille hôtesse viendra vous demander si vous souhaitez quelque chose vous répondrez bêtement "a coke please" au lieu de "yes, I would like to ask the flying-man to do demi-tour because I am flipping my race")

 

Vous arrivez à Naïrobi. Vous avez maintenant 1h30 pour trouver le comptoir de transfert afin d'obtenir votre autre billet d'avion qui vous permettra d'embarquer sur la compagnie "Precision air service" qui vous conduira jusqu'à Kili airport.

 

La musique de Fort-Boyart se déclenche dans votre tête...

 

Mais il faut croire que vous êtes devenu un grand voyageur (ou que Passe-Partout est votre ange gardien) (aucun rapport avec la taille...), en un rien de temps, vous vous retrouvez au bon endroit, dans la bonne file, devant un gentil Kenyan qui comprend tout de suite "qui-vous-êtes-où-vous-allez-d'où-vous-venez-et-quel-est-votre-signe-astrologique" !

 

(bon...en fait, vous aviez l'air tellement désemparé qu'une gentille grosse dame noire est venue directement vers vous, a tenté de communiquer dans une langue incompréhensible (de mémoire : "Hi! How are you? Can I help you ? .... certainement un dialecte local d'une tribu Kenyanne...) et devant votre air ahuri, vous a pris votre billet des mains, a hoché plusieurs fois la tête et vous a fermement empoigné et placé devant le monsieur Kenyan, lui a parlé dans son drôle de langage puis s'est tourné vers vous et vous a dit avec un grand sourire : "It's ok, don't move!". Vous avez hoché la tête en faisant également un grand sourire. Puis le monsieur vous a donné votre billet d'avion et avec plein de gestes, vous a indiqué où il fallait aller.

 

Vous décidez que les Kenyans sont des gens charmants et attentionnés et sous l'oeil affolé du monsieur vous partez dans la direction opposée à celle qu'il vous a indiquée car quand même il faut bien aller faire pipi avant d'embarquer.

 

 

Vous arrivez à Kili airport.

Durant le vol vous avez scruté tous les passagers, persuadé qu'ils venaient tous pour gravir le Kilimandjaro. Mais que eux en sont bien plus dignes que vous. (Surtout les deux grand prétentieux d'américains (1m80, baraqués, sportifs et jeunes...(qu'ils tombent dans une crevasse et qu'ils crèvent)) qui se la pétaient avec leurs belles chaussures de rando et leurs sac-à dos de pros et qui devaient certainement se foutre de vous dans leur langage incompréhensible...(qui ressemble étrangement au dialecte Kenyan de la grosse dame de l'aéroport...)).

Vous décidez de les ignorer durant la fin du vol.

 

 

A l'arrivée, après avoir rempli une montagne de paperasses et payé votre visa, un gentil monsieur vous emmène à Arusha dans votre hôtel de transit. Là où vous allez attendre que Florence vous rejoigne le surlendemain.

Une journée et demie à glander dans un superbe hôtel avec piscine.

Piscine dans laquelle vous avez refusé de mettre ne serait-ce qu'un doigt de pied ne voulant pas finir congelé...

Il fait froid en Tanzanie... 

 

Heureusement vous aviez prévu le coup ! Vous enfilez votre polaire et votre super veste "wind-stopper-top-la-frime" et, armé d'un bon gros bouquin, vous attendez que le temps passe. Et le temps passa lentement... Mon dieu que vous vous êtes fait chier ! Votre seul distraction et but de la journée était le passage au restaurant et vos tentatives de communication avec les serveuses (qui allaient parfois en cuisine chercher l'ingrédient que vous n'arriviez pas à comprendre en anglais afin de vous éclairer dans le choix de votre commande!).

 

 

Heureusement, le samedi, à l'heure exacte, vous voyez débouler votre amie métropolitaine en pleine forme et prête à en découdre avec cette petite montagne ! Vous lui demandez quand même si elle a vu par la fenêtre de l'avion à quel point ça avait l'air haut et si ça ne l'effraie pas... C'est là que vous apprenez qu'elle s'est endormie 5 minutes après le décollage et réveillée 5 minutes avant l'atterrissage. Et que du coup elle a loupé et la vision du Kilimandjaro et le repas dans l'avion. Et du coup elle a très faim. Et "où-il-est-ce-putain-de-restaurant-je-crève-la-dalle !!!??"

Prudent, vous lui proposez les fruits secs que vous aviez prévus lors de l'ascension....

 

 

Par la suite, vous faites connaissance du reste du groupe. Et ma foi, il se révélera un groupe bien sympathique.

Le guide vient vous faire son speech. Vous comprenez soudainement que c'est bien réel et que c'est pas juste une grosse surprise avec des gens qui sortent de derrière les buissons en disant "non ! on déconne! on va quand même pas grimper en haut du Kilimandjaro ! C'est juste pas possible !".

 

Personne ne déconne.

Vous allez tenter de grimper en haut du Kilimandjaro.

C'est complétement fou.

 

Dernière nuit dans l'hôtel avant le départ.

Dans votre lit, vous n'êtes pas très serein et avez du mal à vous endormir (ceci n'a rien à voir avec le fait qu'une femme partage votre lit, ce qui n'était pas arrivé depuis bien longtemps)

 

Le lendemain c'est le grand départ.

 

Direction la porte Machame. Il existe plusieurs voies pour gravir le Kilimandjaro et apparemment vous avez choisi (on vous a imposé) la plus dure...mais la plus belle !

 

Petite photo souvenir du moment où vous étiez tous à peu près frais, propres et naïfs  confiants !

 

P1030863

 

      Alors, que les lecteurs se rassurent, vous n'allez pas écrire dans les moindres détails le récit de vos marches. Ce serait terriblement chiant (vous tenez d'ailleurs à féliciter les lectrices et lecteurs qui sont arrivés jusqu'à ce point du récit en ayant tout lu!)

 

Que faut-il retenir ?

Que vous êtes un gentil garçon bien obéissant....

Le guide a dit "polé-polé"  (environ 514 fois). Mot swahili qui signifie en français: doucement. 

Le guide a dit : il faut boire beaucoup ! Expression française qui signifie en français : il faut beaucoup boire.

 

Alors vous, vous avez marché très lentement. Mais alors vraiment très lentement... Ridiculement lentement. Que même votre grand-mère ardéchoise elle aurait donné l'impression d'être Bip-Bip l'oiseau à côté de vous. (vous refusez par contre d'être assimilé à un coyote.)

 

Et vous avez bu. Tout le temps. Des petites gorgées régulières. En plus des longues gorgées lors des arrêts. Vous avez bu environ 4 litres d'eau par jour sans compter les nombreux thés et les soupes qu'on vous a obligé à avaler lors des repas.

A boire autant, forcément vous pissâtes sans arrêt.

Si l'on considère qu'un mâle définit son territoire par son urine, on peut dorénavant penser qu'une bonne partie du Kilimandjaro vous appartient...

 

 

 

 

P1030868

 

 

Arrivé à votre premier campement, après environ 6 heures de marche, vous avez la surprise de constater que les porteurs ont déjà installé toutes les tentes (bénis soient-ils) et préparé une petite bassine d'eau chaude pour que vous puissiez vous laver (les traîtres !).

 

En effet, vous aviez intégré le fait que vous ne pourriez pas vous laver pendant 6 jours. Au début vous avez été horrifié et puis finalement l'idée a fait son chemin et ça a fini par vous plaire ! (il y a un petit cochon qui sommeille en vous...)

 

      Du coup, en voyant cette bassine d'eau chaude, cela vous a désorienté. Que faire ? Vous avez discrétement maté  observé les autres mâles du groupe. Vous avez constaté avec effroi qu'ils se sont mis torse nu pour faire leur toilette.

 

 

 

 

 

Bon.... Vous avez discuté ferme avec Florence, lui avez expliqué que, venant de contrées où il fait 28° minimum, vous ne pouvez pas prendre le risque de subir un choc thermique en vous dévêtant. Et que par conséquent, vous étiez partant pour une hygiène minimaliste laissant s'exprimer vos effluves corporelles en toute liberté.

 

Votre compagnonne de voyage, qui est une grosse crade, a accepté et vous a même suivi dans votre idéologie intitulée "épargnons notre corps en le frottant le moins possible avec toutes ces cochonneries de savons pourfendeurs d'épiderme".

 

Vous avez pué tous les deux pendant 6 jours.

 

 

P1030874

 

Sur la photo ci-dessus, des porteurs. (et tout en bas une mer de nuages!)

 

Ces mecs sont des oufs ! Ils portent des kilos de bagages, ils foncent et escaladent les chemins que vous parcourez "polé-polé" (qu'en est-il du mal des montagnes pour eux ???). Tout ça pour un salaire de misère évidemment. Vous décidez d'être généreux dans vos pourboires parce que quand même, hein !

 

Respect pour ces mecs.

 

En plus ils sont aux petits soins pour vous et d'une gentillesse que vous espérez sincère !

Vous avez été fort surpris lors de votre premier réveil sous tente. Alors que vous étiez à moitié congelé dans votre duvet et cherchiez des mots pour expliquer à votre copine-bourreau à quel point elle avait eu une idée à la con en vous embarquant dans son trip, un gentil grand black Tanzanien est venu vous réveiller en vous apportant un thé chaud !

Dans votre tente ! Dans votre duvet !

 

Rhôôoooo ! Vous êtes tombé amoureux sur le champ.

Vous avez remercié le Grand-Beau-Black-Tanzanien-Futur-Homme-de-Votre-Vie.

Vous en avez profité pour constater que Jamais l'Homme-Actuel-de-Votre-Vie ne vous avait apporté un thé chaud au lit..... Triste constat.

Vous décidez de remplacer Pierre par le Grand-Beau-Black-Tanzanien dès votre retour. 

 

 

C'est lors de ce premier matin que vous avez aussi compris plusieurs choses (n'étant pas habitué au camping, il y a des réflexes qui vous échappent) :

- Toujours dormir avec ses affaires du lendemain (sur soi ou juste dans le duvet), ce qui évitera de pousser des petits cris ridicules en enfilant son pantalon le matin. Pantalon raidi par le froid et en contraste total avec la température de votre corps. 

- Toujours dormir avec son appareil photo et son téléphone portable, ce qui évitera de perdre 4 petits-bâtons-témoin-de-batterie sur les 5 que vous aviez la veille. A votre grande surprise le froid décharge les appareils (encore un phénomène magique à élucider quand vous n'aurez rien d'autre à faire) (c'est-à-dire jamais)

 

Mais étrangement, quand vous sortez la tête de la tente, puant, frigorifié et l'haleine pâteuse, face à ce qui vous attend (voir photo ci-dessous), vous êtes heureux...

 

 

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La flèche indique l'endroit où vous êtes censé aller...

Vous avez parfois des moments de découragement en vous disant que vous n'y arriverez jamais...

 

 

      Les journées passent vite. (forcément, à l'allure où vous marchez !)

Et plus vous grimpez dans les hauteurs, plus vous comprenez l'histoire du "polé-polé" !

 

Surtout quand, pour aller aux toilettes, vous êtes obligé de faire une pause en chemin alors qu'elles sont à 30 mètres... Vous aviez oublié d'y aller polé-polé, vous avez marché normalement (pauvre fou), vous êtes essouflé comme si vous aviez couru un marathon !

 

Pareil lorsque vous devez replier votre duvet le matin et faire votre sac. Vous faites tout au ralenti parce que...vous n'avez pas le choix puisqu'il y a de moins en moins d'oxygène.

 

Dans le groupe, certains ont des maux de tête, d'autres des nausées. Du coup, comme vous êtes un grand trouillard, vous continuez à avancer polé-polé (voire polé-polé-polé!) et à boire comme vache qui pisse (euh...vous avez une incertitude sur l'emploi de cette expression...???)

 

 

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Ci-dessus une petite vue d'un des camps (mais vous ne savez plus trop lequel...si des lecteurs cherchent des informations précises sur l'ascension du Kilimandjaro, il vaut mieux chercher d'autres blogs beaucoup plus  ennuyeux sérieux que le vôtre!)

 

 

Un après-midi, vous en profitez pour envoyer un petit texto à votre Homme-des-îles.

Histoire de vérifier si tout va bien (et s'il n'est pas mort d'amour en votre absence). Vous envoyez un texto tout simple (même écrire un texto vous épuise tellement vous êtes en altitude). Dix minutes après, sa réponse vous parvient (il n'était donc pas mort d'amour mais devait certainement être en train d'agoniser et votre texto lui aura redonné une raison de vivre)

 

Rhôôôooo ! Sa réponse est tellement belle que vous en rosissez de bonheur à côté des toilettes ! (oui, c'est le seul endroit où ça captait).

Du coup vous décidez de ne pas le remplacer par le Grand-Beau-Black-Tanzanien. (mais vous vous promettez quand même de mettre cette histoire de thé au lit dans une discussion quelconque à venir)

 

 

Et vous repartez pour de longues heures de marche. Silencieuses. Car en altitude, vous ne pouvez pas parler en marchant! Vous avez essayé une fois et vous avez eu mal à la tête tout l'après-midi !

Vous marchez, vous buvez, vous pissez, vous marchez vous buvez, vous pissez, vous marchez, vous ... bon, vous avez compris le principe !

 

 

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Et, chaque midi, votre tente-repas vous attendait. Avec à chaque fois un cuistot qui se surpassait pour vous faire des plats chauds et bons. Vous êtes conscient que c'est sûrement grâce à toutes ces petites attentions que vous avez pu aller jusqu'au sommet.

 

 

Vous décidez que les guides, les porteurs et le cuistot sont devenus vos meilleurs-amis-pour-la-vie.

 

 

 

 

 

 

Et l'ascension continue... Mais il est temps de résumer parce qu'il n'y a certainement plus qu'une seule lectrice qui a supporté de lire toutes vos bétises (votre mère...).

 

- Le Mal Aigu des Montagnes continue de vous épargner (Fuck The MAM !). Sauf le jour de l'ascension finale (4600m d'altitude), vous vous êtes réveillé avec l'impression qu'un maki vous serrait la tête comme si c'était une banane...

 

- Florence a choisi les symptôme "nausée" + "mal de crâne" dans la liste des effets du MAM. Elle souffre mais en silence. C'est une fille courageuse...  (vous ne lui proposez cependant pas de porter son sac comme vous lui aviez pourtant promis car...vous en êtes bien incapable à ce stade de l'ascension!)

 

- Les autres personnes du groupe souffrent elles aussi de divers maux de tête et/ou nausées et/ou diahrées mais personne ne se plaint vraiment. Vous formez vraiment un groupe très courageux...

 

- Il fait froid. Plus vous montez, plus il fait froid. Surtout la nuit... Vous réalisez que vous ne pouvez plus envisager de vivre dans un pays où il fait froid... Plus qu'un an avant le retour en métropole. Où apparemment il fait de plus en plus froid l'hiver et il fait même froid l'été. Ça ne va pas être possible. Vous décidez de lancer un ultimatum à la métropole : Soit les températures redeviennent normales (un peu froid en hiver et chaud en été), soit vous vous expatriez à nouveau et la métropole n'aura qu'à pleurer votre absence.... (il faut savoir être ferme...)

 

- Tous vos gestes de la vie quotidienne sont lents... pas le choix sinon votre coeur s'emballe (et rien à voir avec l'amour!)

 

 

Puis vient la dernière ascension. The killer-one ! Celle que tout le monde décrit comme un cauchemar ! 

 

C'est un cauchemar...

 

Le jour J, dîner à 18h00, coucher à 19h00 et lever à 23h00. 

 

Vous avez peur de ne pas réussir à dormir mais à peine le temps de formuler vos angoisses, vous sombrez dans un sommeil profond.

 

Quand votre ex-petit-copain, le Grand-Beau-Black-Tanzanien vient vous réveiller, vous avez l'impression que vous venez juste de vous endormir...

 

Vous vous habillez dans un silence quasi-religieux en empilant des couches et des couches de vêtements censés vous protéger contre le froid (et ils y parviendront ! louée soit votre pétasse de copine Florence qui vous a acheté des fringues de qualité à des prix défiant toute concurrence!).

 

Vous sortez et rejoignez la tente-repas où vous prenez une légère collation. Certains ne mangent pas beaucoup. Nausées ? Appréhensions ? Ras-le-bol de ce putain de thé que vous avez bu 4 fois par jour depuis 5 jours ?

 

 

Et vous démarrez.

De nuit, éclairé par votre frontale. A la queue-leu-leu. Vous suivez la lumière qu'il y a devant vous. Et vous grimpez, montez. Vous perdez la notion du temps. Quand la personne devant s'arrête, vous butez contre son sac et, l'espace de quelques micro-secondes, vous vous endormez la tête posée sur son sac. Les guides imposent le rythme et font des pauses régulières. A chaque pause, vous essayez de boire, de faire pipi (mais où est-donc passé votre zizi ? A 5500m d'altitude et dans un froid décapant, vous pensez un moment l'avoir perdu...).

 

Pendant les pauses, les guides soufflent dans les gants, frottent les dos, rajustent les capuches. Vous savez bien que vous ressemblez à des loques humaines mais franchement, vous ne pouvez pas faire autrement.

 

Et les guides se remettent en route. Ils tiennent à arriver en haut pour le lever du soleil. Vous êtes dans un tel état que vous n'en avez plus rien à foutre du soleil. De toutes façons vous n'arrivez pas à aligner deux pensées cohérentes. Vers la fin de l'ascension vous êtes même pris de vertiges. Vous lancez votre jambe en avant mais bizarrement elle part sur le côté. Vous êtes saoul sans avoir bu la moindre goutte d'alcool. Quel gâchis...

 

Mais vous continuez à avancer. 

Ça vous semble interminable. Vous ne savez pas quelle heure il est. Les guides refusent de vous dire si on est bientôt arrivé. En levant la tête vous voyez des farandoles de lumières qui avancent. Vous les confondez avec les étoiles. 

Vous ne pouvez pas parler. Vous pouvez à peine penser. Vous pouvez juste marcher en tentant de garder l'équilibre. Vous avancez. Encore et encore. 

 

Le soleil se lève.

 

Et à un moment, sans vraiment l'avoir vu venir, vous arrivez à Stella Point. Et là, vous savez que c'est gagné. A partir de là, il n'y a presque plus de pente. Il faut juste marcher encore 40 minutes pour arriver à Uhuru Point. Mais le plus dur est derrière vous.

 

Vous vous souvenez qu'en lisant les blogs vous étouffiez des rires en lisant ce que les gens écrivaient. Les arrivées en larmes. Le côté mystique. Vous vous étiez promis de ne pas tomber dans ce sentimentalisme neu-neu si vous arriviez en haut.

 

Sauf que....vous n'aviez pas prévu que le soulagement d'être arrivé en haut ajouté à la fatigue cumulés au fait que vous aviez la photo de l'Homme-de-Votre-Vie bien au chaud contre votre coeur déclencheraient une vague d'émotions incontrôlables en votre for intérieur.

 

Des larmes coulent derrière vos lunettes de soleil. Vous pleurez comme le gros neu-neu sentimental que vous êtes...

Pfff... Ridicule....

 

 

Arrivé au point culminant (5895 mètres), vous attendez que votre compagne des grandes aventures vous rejoigne. Vous l'entendez d'ailleurs arriver plus que vous ne la voyez vu qu'elle halète telle une femme sur le point d'accoucher, depuis au moins 3 heures !

Mais elle est là. Et vous aussi.

 

Et vous faites cette putain de photo souvenir de cette putain de dure journée durant laquelle vous avez vécu cette putain de belle aventure ! (vous êtes grossier quand vous êtes ému...)

 

 

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Et les paysages ?

Fantastiques.... Enfin, c'est ce que vous pensez car il y avait un tel brouillard que vous n'avez pas vu grand chose !

 

Et les photos de là-haut ? Et le soleil qui se lève sur les nuages ?

Euh...vous aviez espéré que les autres membres du groupe feraient de supers photos arrivés là-haut.

Vous n'aviez pas prévu que tout le monde espérerait la même chose...

Toutes les photos sont donc dans votre tête ! (et vu votre mémoire de poisson rouge, vous êtes bon pour recommencer le Kilimandjaro dans 5 ans...)

 

 

Mais bon, vous ne vous êtes pas éternisé là-haut. D'ailleurs les guides ne vous laissent pas le choix

(y aurait-il un danger ? un phénomène d'accoutumance qui fait qu'au bout d'un moment on ne veut plus redescendre ? Mystère...)

 

Et c'est parti pour 5 heures de descente avec un dénivelé de 2900 mètres !

Vos genoux n'ont guère apprécié...

 

Vous seriez bien redescendu à toute vitesse avec les autres membres du groupe mais vous avez senti que Florence était fatiguée et, en bon gentleman que vous êtes, vous avez réduit l'allure pour faire une descente que vous appellerez "contemplative" !

 

(Evidemment, Florence serait là, elle hurlerait qu'en fait vous ne teniez plus debout, que vous étiez aussi crevé qu'elle et que vous vous êtes vautré comme une m.... environ 5-6 fois dans les graviers sous les soupirs silencieux et polis du guide resté avec vous qui a vite compris qu'il mettrait deux fois plus de temps que son confrère à rentrer au camp !)

 

 

 

 

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La photo souvenir ! (estimez-vous heureux de ne pas avoir les odeurs qui vont avec ! )

 

 

 Et puis enfin, le retour à l'hôtel le lendemain.

Où, en bons sportifs que vous êtes, vous vous êtes jetés sur la bière locale pour fêter l'exploit !

(notez que Florence a deux bières posées à côté de son diplôme alors que vous n'en avez qu'une dans les mains....)

 

 

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Quant à la suite du séjour en Tanzanie, pas de gros bla-bla (qui a dit "ouf !" ...????)

Juste quelques commentaires bien choisis (qui a dit "Oh non !" ...????)

 

 

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  Vous avez vu plein d'animaux. De très près.

 

 

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Parfois de trop près !

 

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Vous n'avez pas eu le temps d'expliquer à votre compagne de safari que ça ne sert à rien de mettre ses mains comme elle fait si elle ne met pas une paire de jumelles au milieu...

 

(les blondes continuent à vous étonner...) 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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  Là, c'est le moment où vous avez bataillé ferme. Vous avez dû expliquer à Florence qu'il était hors de question d'adopter un petit hippo et qu'il ne serait pas heureux dans son appartement parisien. 

 

 

Ci-dessous, la montagne des dieux, située en pays Massaï.

Elle s'escalade.

Vous avez été tenté et vous aviez commencé à ressortir toutes vos chaudes affaires-qui-puent de votre sac.

Puis le guide-Massaï a expliqué concrètement en quoi consistait l'ascension et vous avez remis tranquillement au fond de votre sac vos chaudes affaires-qui-puent !

 

Florence a estimé que c'était aussi bien, qu'il valait mieux rester sur une victoire et qu'elle était trop jeune pour mourir. 

 

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Poursuite du safari.

Votre barbe pousse. Mais vous n'avez pas envie de vous raser. Vous prenez plaisir à vivre comme un sauvage.

Même les douches des campings ne vous attirent pas.

 

Jusqu'à ce que Florence vous dise un jour : "Dis-donc, tu pues !"

Vous pensiez qu'elle rigolait et vous lui avez répondu une connerie quelconque.

Mais le soir, elle est revenue à l'attaque et là, les yeux dans les yeux, le plus sérieusement du monde, elle vous a dit : "Non mais Didier, là, vraiment, tu pues...!"

 

Vous avez alors compris que votre nuit sous la tente était compromise et que c'était soit la douche, soit la nuit à la belle étoile avec les hyènes et les lions qui risquent de vous dévorer (s'ils arrivent à passer outre votre odeur)

 

Alors, la mort dans l'âme, vous vous douchâtes....  

 

 

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  Quelques girafes qui observent de loin les splendides touristes que vous êtes.

 

 

 

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Un guerrier Massaï sous un envol de flamants roses.

(ce n'est pas flagrant sur la photo...!)

 

 

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La cascade gelée avec le bassin où les fous pouvaient aller se baigner !

 

 

Mais comme les autres y sont allés et qu'il n'y a pas de raison que vous soyez moins fou qu'un autre, vous y êtes allé aussi !

 

Non mais... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bon allez, vous avez fini votre (long) (très long) papotage !

Mais il fallait bien ça pour un tel événement. Surtout que vous écrivez essentiellement pour vous souvenir !

Et cette ascension, c'est pas un truc que vous avez envie d'oublier.

Alors merci Florence de m'avoir embarqué dans ce truc-à-la-con ! 

(j'ai un peu peur pour le prochain...)

Merci à mon mec qui a financé une très très grosse partie de ce voyage (...je suis en train de réaliser qu'il avait peut-être espéré que je n'en revienne pas ! que je meurs gelé en haut du Kili ou que je me fasse bouffer par un lion.... Non...il ne pourrait pas vivre sans moi !)

 

Merci à celles et ceux qui ont le courage et la patience de me lire.

Bises

 

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      Signé : celui qui a vaincu le Kilimandjaro (alias "Just Done It") et qui va se la péter durant des jours  semaines  mois  années !!!

 

 

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13 juillet 2012 5 13 /07 /juillet /2012 12:00

     Le Choungui, le Choungui, ...., encore le Choungui...., toujours le Choungui !

 

Planète bleue 59

 

Oui, c'est vrai, il est beau. 

Et il permet de prendre de la hauteur.

Et Dieu sait que j'en ai besoin...

 

Mais moi j'avais envie de m'élever encore plus !

Pierre m'a alors proposé de monter ensemble en haut du Choungui et après je n'aurais plus qu'à monter sur ses épaules.

Mais bof..... mis à part l'effet comique, ça ne m'emballait guère...

 

Et puis je me souvins :

Elle, elle est venue nous voir y a .... euh....1 an et demi je crois (ça passe vite)

Vous vous souvenez pas ? Mais si, voyons!

Florence!

La fille qui avait bien compris qu'il fallait cracher dans son masque pour qu'il n'y ait pas de buée. Mais qui n'avait pas compris qu'il fallait rincer son masque avant de le remettre sur le visage!

Ah...! On avait bien rigolé ce jour-là!

 

Si vous voulez relire son article, c'est par-là que ça se passe : Des news de nous pour vous ! 

 

Bon, bref, Florence donc adore grimper et triompher des obstacles.

 

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Comme le montre cette photo prise en haut du Choungui.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En papotant avec elle, ....enfin...disons en l'écoutant papoter car quand une fille parle, toi tu ne parles pas beaucoup, tu écoutes...ou fais semblant.....elle me disait que son prochain challenge ce serait l'ascension du Kilimandjaro.

 

 

......???......

 

 

 

SDC10554 

 

 

 

 

 

 

Je restai perplexe...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C'est vrai quoi.

Certes, elle s'est pas mal débrouillée pour gravir le Choungui. Mais entre ce dernier et le Kilimandjaro, il y a quand même 5300m de différence. (à un chouilla près).

 

J'essayai donc de la dissuader de tenter cette aventure la traitant de pauvre folle, d'inconsciente, de blonde...

Mais s'il y a bien une une chose que j'ai apprise en la cotoyant durant de longues années au lycée, c'est que, quand elle a une idée dans la tête, elle ne l'a pas ailleurs ! 

 

Je la laissai donc avec ses rêves complétement fous d'ascension du toit de l'Afrique (en pensant en mon for intérieur que décidément, les filles sont des créatures étranges...)

 

Et puis quand même...

Une petite recherche internet aidant j'apprends que :

- l'ascension est possible même si on n'est pas un grand sportif (ça m'arrange)

- c'est ouvert aux enfants à partir de 10 ans

- il y a plein de gentils monsieurs qui vont porter les affaires les plus lourdes et toi, t'as que ton p'tit sac avec l'eau et la bouffe à trimballer

- le plus dur c'est de marcher, marcher, beaucoup marcher...  (5 jours de marche à raison de 8h de marche par jour en moyenne. Calculez combien de temps de marche ça représente. Vous avez 2 secondes, top ! c'est parti !) 

 

Ah......

 

Bon.....

 

Et si.....?

 

Après tout .......pourquoi pas.....?

 

Chevaleresquement je proposai donc quelques mois plus tard à Florence de l'accompagner dans son expédition afin :

- de porter son sac (enfin...de temps en temps....) (pendant les pauses)

- de la pousser vigoureusement quand elle n'en pourrait plus

- de m'assurer qu'elle tournerait bien à droite en haut et pas à gauche (ne jamais sous-estimer le non-sens d'orientation d'une fille)

- de la protéger contre l'abominable homme des neiges (y serait pas plutôt dans l'Himalaya celui-là?)

- de l'écouter me raconter tous les potins de son boulot (je ne connais pas les personnes dont elle parle mais un potin reste un potin....)

- d'en prendre plein les yeux

- de me dépasser (peut-être)

- de me sentir très grand (sûrement) 

- de pleurer en appelant Pierre (et ma mère) quand vraiment ce sera trop dur

- de vérifier si le MAM est bien le Mal Aigu des Montagnes (et non pas Michèle Alliot Marie comme je l'ai cru pendant un moment) (quoique sa présence en haut du Kilimandjaro me semblait suspecte..). Je sais que le MAM peut toucher n'importe qui (donc moi) et que j'aurai mal à la tête, je vais peut-être vomir, souffrir d'insomnies, avoir des troubles de l'équilibre, perdre l'appétit, avoir des troubles de coordination et des difficultés à uriner... Le tout pouvant se solder par un oedème cérébral et/ou pulmonaire. (Mon Dieu, qu'est-ce que je vais foutre dans cette galère....???)

 

Mais pas de panique ! Je ne suis pas suicidaire ! (et que deviendrait Pierre sans moi.....?)

(Tiens d'ailleurs, certains se demandent peut-être pourquoi il ne m'accompagne pas ? Ben....fallait quelqu'un pour garder les chiens! Plus sérieusement, il a des problèmes de genou qui font qu'il peut rester coincé sans avancer. Ce qui serait contrariant à 4000m d'altitude. Surtout que je l'ai déjà prévenu que je ne le porterais pas sur mon dos et qu'il finirait donc sa vie avec l'abominable homme des neiges du Kilimandjaro....qui est beaucoup plus rustre que moi.... Pierre a donc décidé de rester à Mayotte. Il m'a au passage assuré de ne pas m'inquiéter et que 15 jours sans moi seraient de vrais vacances... Qu'a-t-il voulu dire par là ? ....)

 

Donc, après avoir lu plein de récits de fous gens qui sont partis à l'assaut du toit de l'Afrique, on a décidé :

- de marcher très très très très lentement (une pensée pour ma grand-mère ardéchoise qui m'a bien entraîné à marcher très très très très lentement lors de nos balades le soir dans le petit village!),

- de boire beaucoup (mais ça, ça me fait pas peur!)(par contre il paraît que c'est plutôt de l'eau qu'il faudrait boire...je vais me renseigner...).

- et puis surtout de ne pas être têtu et obstiné à vouloir monter jusqu'en haut à tout prix !

Pas au prix d'une vie !

 

Mais je vous raconterai à mon retour comment ça se sera réellement passé, même si je serai un peu triste si je n'ai pas pu accéder au sommet !

 

(parce qu'évidemment, quand tu consultes les blogs de ceux qui l'ont fait, comme par hasard, ils ont toujours réussi à arriver jusqu'en haut ! Et ils te racontent sournoisement les autres qui vomissent, qui pleurent leurs mères, qui se font dessus, qui meurent de froid, qui se font enlever par le Yéti... Bref ! Moi je vous raconterai tout ! Même si je ne vais pas jusqu'en haut et que je vomis sur le Yéti en pleurant ma mère !) (Pierre et Vacances ? Honnête jusque dans la souffrance...) 

 

Bon...au moment où vous lirez ces lignes je serai en Tanzanie.

Florence m'aura rejoint.

Et là, conscient que pour triompher d'une épreuve il faut regarder dans la même direction,

nous partirons à la conquête du Kilimandjaro !

 

 

SDC10608

 

 

  (Humm..!!! On a dit "regarder dans la même direction"..... Bon..........c'est mal barré.....!!

 

 

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15 mars 2012 4 15 /03 /mars /2012 18:59

Si, lors de ton séjour à Nosy Be, Mister Flo te propose de venir manger des gambas dans sa p'tite gargotte,

 

Tu répondras :

"Non, merci c'est gentil ! Garde-toi tes crustacés pas frais, décongelés et recongelés certainement 10 fois, et chope d'autres couillons de touristes !"

 

Et du coup, tu éviteras certainement la belle intoxication alimentaire qu'on s'est payée en milieu de séjour et qui a modifié quelque peu notre vision de cette belle île...!

 

Quelques morceaux choisis...

 

"Oh ! Regarde ! Un joli caméléon !

- Ouais...euh...b..b..b..blaouf ! (= bruit du type qui vomit ses tripes sur le caméléon qui du coup ne savait plus quelle couleur prendre...)"

 

ou alors

 

"Oh ! Regarde comme c'est beau ce petit chemin ! Mais... pourquoi pars-tu te cacher en courant derrière ces magnifiques fleurs ???

- Euh...pour rien ! Bouge pas et garde le sac !  Shvlachhhh ! (= bruit du type qui se vide de ses entrailles en un étron fort peu moulé et qui fait que les jolies fleurs auront du mal à pousser pendant un certain temps à cet endroit)"

 

Bises !

Didier (alias Vomito)

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10 novembre 2011 4 10 /11 /novembre /2011 11:38

C'est le temps qu'il leur a fallu pour nous balancer des pierres, sauter sur la varangue, piquer l'ordi portable et foutre le camp...

 

Quoi ! Mais qu'est-ce qu'il dit, là ?

 

Et ben le gars il dit que ça y est ! L'agression dont on entend de plus en plus souvent parler à Mayotte, et bien on se l'est prise en pleine gueule... (sur la hanche et l'épaule pour être plus précis...)

 

Retour sur les événements... (ça fait vachement journaliste, non?)

 

Mercredi soir. Je rentre du boulot. A peu près content, ça fait deux jours que je peux bosser, la grève est sur le point de se terminer, les routes commencent à se dé-barrager.

 

Une douche rapide et on s'installe sur la varangue pour manger. 

 

Comme chaque soir, on se mate un film ou une série sur l'ordi portable. (oui, on sait que c'est pas bien de regarder la télé en mangeant, et qu'il faut profiter de ce moment pour discuter, resserrer nos liens, parler de nos projets etc, etc... mais pour nous, comme pour tout homme qui se respecte, la discussion se résume à : "ça va ?" "Ouais et toi ?" "ouais" "Cool". Pas besoin de resserrer nos liens plus qu'ils ne le sont sinon on risque d'étouffer. Quant à nos projets immédiats, ils se résument à manger puis aller se coucher...)


Vers la fin du repas, le chien, couché à côté de nous, se met d'un coup à aboyer comme un fou furieux (mais vraiment!) tout en reculant dans le salon.

 

Dans la seconde qui suit, une pluie de cailloux s'abat sur nous. Faisant exploser les verres, voler tout ce qui est sur la table et nous obligeant à rentrer dans le salon. En catastrophe. Paniqués. Réflexe instinctif pour se protéger. Surtout que les cailloux on se les prenait aussi sur nous. On aurait dit un tremblement de terre. Un bruit dingue. L'impression que ce qui arrive n'est pas possible et ne fait pas partie de la réalité. Une attaque rapide. Violente.

 

Petit flou car les faits se déroulent rapidement. Je me souviens à un moment me retourner vers la varangue pour voir un mec sauter par-dessus la rembarde et s'emparer de l'ordinateur. Avec les cailloux qui continuaient à pleuvoir foutant un sacré merdier dans le salon. Juste le temps pour moi de m'emparer du sifflet d'alarme, de me mettre à siffler comme un fou pour alerter les voisins, d'ouvrir la porte d'entrée devant laquelle se trouvait le chien, de m'emparer d'un bâton et de sortir en furie en criant au chien "Attaque! Attaque! (ce que le chien, complétement traumatisé hésitait à faire, je le comprends). Pierre me rejoint (il vous racontera lui-même ce qui s'est passé pour lui). Et là, en moins d'une minute, tous les voisins déboulent dans le jardin, armés de gros bâtons. 

 

Les mecs avaient déjà foutu le camp.

 

Entre le moment où le chien a aboyé et le moment où je lui criais d'attaquer il a dû se passer 40 secondes...

 

Bilan :

  • L'ordi portable volé (mais sans le cordon d'alimentation et sans la batterie (bien fait pour leur gueule))
  • Une ITT de 4 jours pour moi (car c'est moi qui ai eu droit aux cailloux...j'aime à croire que c'est parce que j'ai fait barrage de mon corps pour protéger Pierre (c'est beau et follement romantique) mais en fait c'est tout simplement parce que c'était moi le plus près du jardin)... Deux gros hématomes, mais rien de grave. Néanmoins le médecin a estimé qu'il y avait aussi un traumatisme psychique (peut-être le moment où je lui ai dit que je ne voulais plus que les amis et la famille viennent nous voir, que je voulais plus aller bivouaquer sur des plages, qu'on se demandait si on allait vraiment rester encore 2 ans et que si le type avait été sous mon bâton je lui aurais fracassé le crâne...) et que ça méritait bien 4 jours d'ITT.
  • Un traumatisme réel (là je suis sérieux) pour nous deux car, autant on sait qu'on peut être cambriolé, autant on ne s'attend pas à être agressé et caillassé chez nous, à 19h30 en présence d'un chien. Si l'un de nous deux avait pris un caillou sur la tête, il serait actuellement aux urgences... Et quand je dis cailloux, je devrais plutôt dire grosses pierres bien lourdes qui font mal... 
  • Un questionnement sur un départ anticipé de Mayotte (mais je ne pense pas)
  • Une façon de vivre différente à partir de maintenant.
  • Une bel exemple de solidarité entre les voisins (qu'ils soient remerciés à travers ce blog en attendant un apéro de remerciement)
  • Deux dépôts de plainte pour vol, coups et blessures.
  • Un entretien un peu flippant avec le gendarme qui a pris ma déposition (personnage remarquable et très attentif, ça m'a fait du bien. J'en profite d'ailleurs pour dire que j'étais bien content que les forces de l'ordre soient là, sur l'île et présents pendant tous ces événements de grève, de manifs, de barrages. Chez eux aussi il y a eu des blessés mais bizarrement on n'en a pas trop entendu parler...). Je disais donc, entretien flippant car il m'a donné sa vision de Mayotte à l'heure actuelle et dans le futur. Ce n'est pas joli-joli... Je ne sais plus quel pourcentage de la population a moins de 20 ans mais c'est considérable. Ces jeunes n'ont pas de boulot, ne reconnaissent ni autorité religieuse ni autorité parentale, boivent, fument, se droguent et pour acheter tous ces produits de consommation que Canal Sat et internet leur montrent il leur faut de l'argent. Donc, ils agressent ceux qui sont susceptibles d'en avoir : les blancs. Mais pas que eux, plusieurs familles mahoraises se sont fait cambrioler récemment. Et comme ces individus n'ont rien à perdre, il n'hésitent pas à utiliser la manière forte pour obtenir ce qu'ils veulent. Blesser voire tuer quelqu'un pour son téléphone portable, c'est envisageable...
  • On va peut-être prendre un deuxième chien (histoire qu'ils se soutiennent mutuellement en cas d'attaque) et on va commencer les séances de psychothérapie pour notre clebs qui tremble et est en alerte dès qu'un fruit de la passion tombe par terre... (j'aimerais aussi en profiter pour travailler sur cette fâcheuse manie qui consiste à faire des trous dans le grillage...)
  • On va faire faire une belle et grande clôture au fond du jardin, en bambous. Avec des lumières et des détecteurs de présence. (On pense aussi rajouter un système qui déclencherait des fusées de détresse voire un feu d'artifice, tirer des cordes avec des p'tites clochettes partout dans le jardin (merci Virgine pour l'idée!), creuser un fossé et le remplir de crocodiles, mettre des images de moi le matin mal réveillé un peu partout, mettre des haut-parleurs qui diffuseraient en permanence des blagues de Pierre en français et en shimaorais ... (si vous avez d'autres idées...))
  • On est un peu secoué. Mais on est tous les deux. Et c'est l'essentiel.

 

Et pourtant :

  • Certains des plus beaux moments de ma vie, je les ai vécus ici (le 1er plus-beau-moment-de-ma-vie c'était vers l'âge de 6 ans quand j'ai compris que la maman de Bambi n'était pas morte en vrai...) (elle n'est pas morte en vrai, hein ?...)
  • J'ai rencontré sur l'île des collègues mahorais qui sont devenus des amis. Qui sont des gens formidables, qui aiment leur île, qui en sont fiers. Mais qui constatent et déplorent la dérive dont je parlais auparavant.
  • Mayotte est et reste une île magnifique.
  • Certains des gamins que je vois passer dans ma classe sont formidables. Et je suis fier d'être là avec eux. Et si, à un moment, j'ai pu toucher un p'tit bout de ce qu'ils sont pour les faire réfléchir, penser différemment peut-être et grandir dans le bon sens du terme et bien ça valait le coup.

 

photos-ronan-benoit 7966

 

Je vous embrasse. 

Didier 

ps : les séries américaines où vous voyez des gens réagir avec des réflexes dignes de ninja tout en tabassant les méchants à coup de tranchants de mains bien placés et de coups de pieds dévastateurs...ce n'est pas la réalité... Nous on s'est bêtement réfugié dans le salon parce que les cailloux ça fait mal et parce qu'on avait peur...

On ne sera jamais embauché dans des séries américaines.... 

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4 juin 2011 6 04 /06 /juin /2011 15:25

Faut pas toucher les bestioles du lagon. Ceux qui poursuivent les tortues en essayant de s'accrocher à leurs carapaces (il y a des gens comme ça ; pas beaucoup, mais il y en a ...), je trouve ça ... Irresponsable. Pour le moins. Je ne l'ai jamais fait et je ne le ferai jamais. Non.

Non ... Mais ... 

Je viens d'avoir une des plus grosses émotions de ma vie : Sandra, une collègue de mon collège (très sympa) (je parle de la collègue, mais le collège l'est aussi) est venue passer le week-end à la maison, à la campagne (elle habite la ville ...). On a décidé d'aller se baigner, ce matin, malgré le temps ... Pas terrible. (vous vous en foutez du temps, mais une des plus grosses émotions de ma vie, je la balance pas comme ça, en 2 lignes ! Alors un peu de patience. Je brode.) Direction la baie des tortues. Mise à l'eau. Beaux poissons. Beaux coraux. Beau tombant. Comme d'hab.. Et puis je vois une énorme tortue, immobile, entre deux eaux, les nageoires tombantes, attendant sans doute que la marée remonte pour accéder à l'herbier entre le tombant et la plage. Surprise en plein repos. J'en profite pour l'observer, à une distance respectueuse pour ne pas l'effrayer (4 ou 5 mètres). Alors elle tourne sa grosse tête dans ma direction, puis, au lieu de s'éloigner un peu, elle se dirige lentement vers moi. Et bien elle s'est arrêtée à une quarentaine de centimètres de mon masque. On s'est regardés ... Droit dans les yeux, pendant quelques secondes, et puis elle a commencé à me contourner. Elle a fait deux tours de moi, tout doucement, toute proche, en me regardant. Moi, je tournais sur moi-même pour la suivre des yeux. Elle s'est éloignée d'un mètre et est revenue me froler, presque à me bousculer ! Alors j'ai posé ma main sur sa carapace. Si elle a senti quelque chose, elle ne l'a pas montré ! Je l'ai "caressée" pendant quelques secondes, et puis elle s'est éloignée de moi à nouveau, tranquille, tout doucement. Je l'ai suivie un peu en nageant à côté d'elle pour ne pas qu'elle croie que je la pourchassais. Elle ne modifiait pas sa trajectoire, alors je me disais que je ne la gênais pas. Et puis je me suis arrêté et elle a continué, tranquille. Trop cool.

Au retour, je nageais dans un petit mètre d'eau, à une vingtaine de mètres de la plage, je tombe nez à nez avec une murène-léopard. Une petite, de quarante centimètres de long, un diamètre de 2 centimètres. Genre. Super jolie. Evidemment, elle ouvre grand sa ... Bouche ? Pour m'impressionner. J'adore. Je m'immobilise autant que je peux malgré les mouvements d'eau, en m'accrochant aux caillous du fond de l'eau. Elle n'était pas planquée dans un trou de rocher comme la plupart de celles qu'on voit d'habitude (purée ! Je suis en train d'écrire qu'on a l'habitude de voir des murènes ! Quand je lirai mes articles à mes petits-enfants dans quelques années, je vais halluciner !). Constatant que sa manoeuvre d'intimidation ne marchait pas terrible, elle nage un peu plus loin en cherchant un trou où se cacher, toujours en gardant un oeil sur moi. Elle en trouve un, trop petit, de trou. Elle espérait quoi si près de la plage ? La moitié de son corps dépasse. Elle est franchement magnifique, noire et blanche tachetée de jaune (c'est bien une léopard, ça ?) Elle quitte à nouveau son trou à la recherche d'un autre plus sécurisant. Je la suis en maintenant une distance constante. Elle n'a pas l'air de paniquer (elle ne s'enfuit pas à tir de nageoire). De temps en temps, elle se retourne et m'ouvre un large bec tout de même. Mais de moins en moins souvent. Elle trouve non pas un trou mais un petit rocher percé. Elle se fait toute petite dans l'espèce de mini-tunnel. Sa tête dépasse du quart et sa queue aussi ... J'approche tout doucement ma main de sa queue. Elle peut la voir mais ne bronche pas. Elle n'ouvre même plus sa gueule. Résignée ? Confiante ? En tous cas, elle frémit à peine quand je lui touche la queue. Je la caresse quelques secondes. Elle sort du tunnel. Je la suis. Elle ne trouve toujours pas de cachette sécuritaire. Au bout de quelques autres trop petits trous, de quelques autres trop courtes minutes, elle se lasse de vouloir échapper à ma curiosité, peut-être parce qu'elle m'a mis, dans sa tête de poisson, dans la case "gros poisson non chassable mais non dangereux". Quoiqu'il en soit, elle s'est remise à chasser, enfonçant sa tête dans les petits trous de petits poissons, dans le sable, à la recherche d'une proie, sans plus faire attention à moi, venant même parfois dans ma direction, en fonction des petits trous de poissons qu'elle trouvait et qu'elle décidait d'explorer. Tout ça tout près de mon masque qui n'en croyait pas mes yeux ! Trop cool !

Bisous !

The masque

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