Bonjour les gen(te)s !
Je me mets au clavier parce que y'a plein de gen(te)s qui nous ont écrit en réclamant un nouvel article (on va finir par faire payer ...), parce que Didier me tanne depuis un moment pour que j'écrive cet article (il aurait fini par me le faire payer ...), parce que je suis officiellement en vacances depuis 2 minutes, et ... parce que j'ai envie.
Les news du jour : rien d'extraordinairement neuf. Autrement dit, pas de caillassage depuis le dernier article de Didier (oui je sais, le dernier article de Didier c'est le dernier article tout court ...)
En ce qui concerne l'agression proprement dite, voilà comment je l'ai vécue : d'abord ce sentiment de confusion, d'incompréhension, qui a duré beaucoup plus longtemps que je ne l'aurais imaginé. J'ai entendu le chien hurler derrière ma chaise, je me suis tourné vers lui pour voir ce qui se passait mais je n'ai rien vu ; quand j'ai entendu mon assiette exploser, je me suis retourné vers la table mais je n'ai rien compris ; Didier a bondi vers l'intérieur de la maison en criant quelque chose mais je promets que cette fois, je n'ai rien entendu, je l'ai juste vu crier. Je l'ai suivi et c'est au moment où je me suis levé, toujours sous les jets de pavés (ce n'étaient pas des petits cailloux, c'étaient des pavés dont certains ne tiennent pas dans ma main) que j'ai compris que c'étaient des mecs, dehors, dans l'ombre, qui nous les balançaient. Je me suis instinctivement réfugié derrière le plan de travail de la cuisine pendant que Didier rushait à la porte et faisait sortir le chien tout en sifflant et en hurlant. J'ai vu un mec sauter la balustrade de la varangue, faire un pas dans la maison. Je n'avais toujours pas réalisé qu'il venait pour voler. Je me suis juste dit que Didier allait s'en sortir, qu'il avait eu le bon réflexe de courir à la porte, mais que moi j'étais mort, coincé. Je me suis vu me préparer dans ma tête à affronter le mec et à me défendre comme je le pourrais, c'est-à-dire pas du tout, parce que j'étais tétanisé. Dehors j'ai vu l'autre type, resté dans l'ombre, qui continuait à balancer des caillasses. Je me suis mis à appeler au secours dans les intervalles de temps que Didier employait à reprendre sa respiration. Au moment où il a réussi à sortir avec le chien (à l'époque on fermait 2 verrous et à fond), le type dans la maison a fait demi-tour et a embarqué le portable en arrachant les fils. Je suis sorti à mon tour en continuant à gueuler et on a entendu le voisin (Philipe) débouler en hurlant plus fort que nous, tapant par terre avec le bâton qu'il tenait. Il s'est précipité au fond du jardin en continuant à faire plus de bruit que Didier, le chien et moi réunis. Et puis en quelques secondes une vingtaine de voisins sont arrivés, armés de bâtons, de pieds de biche, prêts à faire front.
La table avait été dévastée. Tout était renversé ou tombé par terre, cassé, y compris un plateau en plastique et même le dossier d'une chaise. Il y avait de la terre partout, les caillasses jonchaient le sol jusqu'au bout de la maison. Une vision franchement impressionnante.
Voilà. Merci les voisins !!!
En allant au fond du jardin, on a trouvé le grillage éventré. Le chien, pas rassuré du tout (il s'est sans doute pris une caillasse pas loin, il nous a vus paniqués, il a vu le type rentrer dans la maison, il a vu les voisins arriver sans qu'on les accueille comme d'habitude ; la tension ambiante ... Pas fier le clebs !) s'en est approché avec une circonspection que je ne lui avais jamais vue (même devant une abeille, par terre, qui n'arrivait plus à voler ... Y'a des fois, il est vraiment ridicule ce chien), la truffe en ébullition.
Une demi-heure après, un voisin est venu nous prévenir que deux types avaient essayé de piquer un scooter un peu plus haut ... Gonflés les mecs !
Ce qu'on a fait :
- sur les conseils (inutiles, ceux-là, on l'aurait fait de toutes façons !) des gendarmes qu'on a appelés, on a été porter plainte le lendemain-même,
- on a fait des rondes avec une vingtaine de voisins jusqu'à ... tard ! (peut-être pas inutiles, celles-là, mais on ne saura jamais si on a fait fuir des vilains, tapis à proximité, empêchés de commettre d'autres vols)
- apprenant la nouvelle, le lendemain, les collègues du collège, et moi, avons décidé de lancer une pétition qu'on a envoyée un peu partout. Faut dire que depuis le début de l'année, ça craint un peu dans le sud (alors qu'on était relativement épargnés par les agressions, cantonnées plutôt au Nord de l'île) et pas mal de collègues avaient été touchés de près ou de loin. Et même avant notre agression, l'ambiance était très tendue au sujet de la sécurité, notamment avec la grève qui a engendré pas mal de dérives de ce point de vue-là ...
- on a fait installer une belle palissade en bambous au fond du jardin, de 2m de haut. Ca n'est pas solide-solide, ça n'est pas fait pour empêcher les méchants de rentrer dans le jardin, mais au moins, on les entendra entendrait arriver ! Le bambou, quand on l'arrache, ça fait plus de bruit qu'un fil de fer qu'on coupe.
- on a installé (nous-même, on est très fiers) deux spots sur la varangue, deux fois 500w, qui illuminent le jardin. Ca n'aveugle pas vraiment : de derrière la palissade, "on" pourra observer ce qui se passe sur la varangue, mais au moins, on verra verrait arriver des intrus, qu'on aura aurait de toutes façons entendus défoncer la palissade.
- on n'est toujours pas allé chercher un deuxième chien mais on va y aller (on attendait les vacances pour pouvoir gérer ça au mieux)
- Suite à la pétition lancée par les collègues (et reprise par pas mal de gens), on a été interviewés par une équipe de Mayotte 1ère (la télé) et je devrais être interwievé demain par des journalistes de la radio locale.
- Comme l'a écrit Didier, je crois, on ne mange plus dehors le soir quand on n'est que tous les deux ; on s'est remis, comme avant d'avoir le chien, à fermer les portes quand on n'est pas en bas ; on ne va plus sur les plages isolées ; on verrouille les portières de la voiture quand on roule le soir (c'est rare de toutes façons ...) ... Ce n'est pas de la parano, juste des précautions qui limitent les risques et surtout qui nous sécurisent. Ca marche : on arrive quand même à profiter du lagon, chaud, (Aurélie et Pierre-Alain, ne pas lire la proposition qui suit), des amis qu'on a ici, (c'est bon, Aurélie et P.A., vous pouvez reprendre la lecture), des fruits qui arrivent (mangues, ananas, litchees de la Réunion ...) ... D'ailleurs, départ pour la Réunion dans 2 jours ; petite escale de 2 jours sur Petite-Terre pour être sûrs de ne pas être bloqués par un petit barrage ou une petite grève de la barge ; et puis une semaine de détente. Enfin j'espère. Et si jamais on se fait agresser là-bas, promis, on plie bagage, on rentre illico en métropole, et on passe le restant de notre vie dans un cloître.
Bisous à tous les gentils
Pierre
PS : profitez bien de cet article, relisez-le ... Je vous rappelle que le dernier que j'ai écrit date de ... ouhhhffff ... je ne sais même plus. Faudra peut-être patienter avant le prochain ... Mais je vais faire des efforts. Promis ...
PPS : Bisous au Didier qui relira cet article, avec moi à ses côtés, quand on sera rentrés en métropole, sous la couette, alors qu'il fera moins 10 degrés dehors et qu'on sera plongés dans nos paquets de mouchoirs respectifs et nos souvenirs, pour qu'il se rappelle qu'au moment où j'écrivais, je l'aimais
PPPS : si avec ce que je viens de lui balancer, il ne me pardonne pas d'avoir mis du temps à écrire ...